Pas encore de mots-clés.
Je suis dans le bus, en chemin pour un rendez-vous important. L’appel de Carine me surprend. J’avais complètement oublié, ou du moins j’espérais qu’elle, elle aurait oublié. Carine, c’est ma collègue qui vit à Toulouse.
Chaque semaine on convient d’un rendez-vous téléphonique pour se tenir informées des nouvelles de la boîte. Le rendez-vous de cette semaine, je l’avais déjà décalé deux fois et je ne pouvais pas abuser de sa patience. Pourtant, je déteste les appels pro dans les transports. On s’entend mal, on n’ose pas parler trop fort, on ne cite aucun client par peur que, comme par hasard, l’un d’eux se retrouve assis derrière vous et se penche à un moment de la conversation pour dire :
« J’ai tout entendu ».
Bref, il y avait ce rendez-vous auquel je devais aller, ce bus bondé et mon téléphone qui continuait de sonner affichant le joli sourire de Carine.
J’ai finalement décroché « Salut Carine, tu vas bien ? ». Nous commençons notre conversation habituelle, les événements de la semaine, les nouveaux projets, l’état d’avancement des projets en cours…
Premier tunnel.
J’entends Carine parler en haché mais ne dit rien espérant trouver dans le ton de sa voix le type de réponse que je dois faire : si c’est un « hum oui je vois » ou un « ah oui ? » qui conviendrait mieux. Deuxième tunnel, celui-là ne passe pas inaperçu. Gênée je descends au prochain arrêt pour pouvoir parler tranquillement, mais notre conversation dure et je vois le temps se resserrer avant mon rendez-vous.
Je monte dans le bus suivant, quand soudain je vois arriver au loin le bois de Boulogne que nous allons traverser. C’est sûr, le réseau passera mal ! Je me mets à parler de façon volubile et très rapide pour pouvoir dire tout ce que j’ai à dire sur le sujet en cours, avant la coupure fatale de la forêt.
« Tu vois, on avait décidé de mettre en place du coaching d’équipe à distance mais la RH pensait que c’était pas assez mûr dans l’entreprise, qu’il fallait une première phase d’acculturation. On attend quelques mois mais d’ici là il f.. a.. que.. hé.. aj ».
Je réalise que je parle beaucoup trop fort quand je croise les regards des gens debouts autour de moi. Notre conversation s’est finalement bien terminée. J’affiche un sourire gêné à mes voisins et rallume mon téléphone pour retrouver l’adresse exacte de mon client.
Low battery… mon téléphone s’éteint.